Un parcours unique... (1/5 - 2/5 - 3/5 - 4/5 - 5/5)

À partir de 1990, Victoria qui est devenue une actrice reconnue à niveau internationale, va pouvoir travailler en France, comme ce qu’on nomme aujourd’hui "une actrice bankable", Gérard Jugnot l’engage pour son film en tant que réalisateur "UNE EPOQUE FORMIDABLE", le chef opérateur n’est autre que Gérard de Battista, le film va connaître un grand succès.


Malgré le fait qu’elle travaille depuis presque vingt ans, et que sa filmographie est riche de très bons films tournés en Espagne, le public Français ne connaît que les deux films qu’elle a tourné avec Pedro.

Ce qui va provoquer, à mon humble avis, le renvoi lancé par la presse d’une image "cliché" sympathique, certes, mais réductrice par rapport au vrai talent de Victoria et qui aura pour conséquence, des rôles dans des comédies, des personnages un peu light, du genre "la petite Espagnole, spontanée, drôle, sexy, etc…".

Avec des exceptions qui ne correspondent pas à cette époque mais aux années 80: "LA LUNE DANS LE CANIVEAU" de Beneix et "L’ADDITION" de Denis Amar en 1984 qui lui aura valu d’être nommée aux CESARS.



En 1992, Victoria donne naissance Ă  son deuxieme fils Felix.


En 1993 Victoria tourne son troisième film avec Pedro Almodovar, "KIKA". Ce film est une histoire écrite par Pedro, qui dénonce en mode de satire, la tendance déjà à l’époque aux émissions de tele réalité qui exposent la brutalité et la bêtise humaines comme un spectacle, où le public participe comme au temps de romains au cirque et applaudissent ces animateurs un peu monstres. Pour ce rôle, Victoria va chercher comment construire à petits morceaux de gestes, d’intonations de voix, son personnage "ANDREA CARACORTADA".

Elle s’applique comme une écolière à apporter a Pedro ses devoirs, elle lui montre, il corrige. L’effort est énorme, sans oublier l’accoutrement de ses costumes, crées par Jean Paul Gaultier qui provoquent une énorme fatigue à Victoria, fatigue qu’elle supporte avec stoïcisme et professionnalisme extraordinaire.
Le film est moins réussi que les précédents, mais le mythe ALMODOVAR est lancé est le public est là.


Après l’effort, le réconfort, Victoria va tourner à Hollywood, un film de Barry Levinson, c’est tout un événement, le film s’appelle "JIMMY HOLLIWOOD", elle partage l’affiche avec Joe Pesci et Christian Slater, Victoria joue le rôle de la femme souffre douleurs de Joe Pesci, un acteur raté depuis belle lurette, mais qui continue à croire.


L’expérience américaine ne va pas enchanter Victoria, qui se trouve très dépaysée, tant dans l’aspect professionnel comme la citadine européenne qu’elle est.
"The american way of filming" n’est pas du tout sa tasse de thé, l’idée de prendre la voiture pour aller chercher le pain, c’est un peu étrange pour elle.


Aussi l’organisation de tournages, avec tant d’équipes, tant de monde, elle, habituée à la familiarité, aux équipes soudées, a du mal à se retrouver, sans oublier que ses partenaires Joe Pesci, et Christian Slater, se montrent plutôt inaccessibles et lui rends le travail difficile.

Heureusement, elle va amener ces deux petits bambins pour lui rendre la vie douce.


A son retour en Europe, elle va retrouver Gérard Jugnot pour le film "CASQUE BLEU", travailler en famille, au soleil dans la petite Isle de Comino à Malte, puisqu’il y aura Gérard de Battista, Chef Opérateur attitré des films de Gérard.

En 1994 Victoria tourne le film de Josiane Balasko "GAZON MAUDIT". Josiane lui a écrit un rôle sur mesure, son personnage "LOLI" est le fruit de la complicité née de l’amitié entre Josiane et Victoria. Il y a de références au pays de Victoria, de ses amis, de son couple, de ses enfants, bref de la Victoria intime. Victoria va broder cette comédie légère, en jouant un personnage qui fera sourire, pleurer et réfléchir. Il y aura aussi Gérard de Battista comme Chef Opérateur. Le film va être un vrai succès en France et à l’étranger.


En 1995 Victoria va tourner le premier long-métrage de son ami, le scénariste Agustin Diaz Yanes. Ils se sont connus en 1987, il était co-scénariste du film de Jose Luis Garcia Berlanga "BARRIOS ALTOS", depuis Victoria aura joué dans tous les films qu’il écrivait, évidemment il s’agissait de rôles écrits toujours pour Victoria ; "BATON ROUGE", "A SOLAS CONTIGO", "DEMASIADO CORAZON". Cette fois-ci, Victoria qui a beaucoup aimé l’histoire et son personnage demande à Agustin de se lancer et le réaliser.


Le film "NADIE HABLARA DE NOSOTROS CUANDO HAYAMOS MUERTO", est une histoire de rédemption, une jeune femme perdue dans sa faiblesse, va trouver avec l’aide de sa belle mère, le courage de se battre pour sa dignité. Une fois de plus, Victoria va chercher la quintessence de son personnage au plus profond de son intuition, elle va adopter ce petit bout de femme et va lui donner une force extraordinaire. Elle fera de "GLORIA" une héroïne. Le film, le réalisateur et Victoria, vont être récompensé et par le public et par la critique unanime en Espagne. Malheureusement, ce ne sera pas le cas en France, où le film à cause d’une distribution pas très efficace va passer inaperçu.


En 1996 Victoria retrouve Vicente Aranda pour tourner "LIBERTARIAS", le film raconte l’aventure de femmes libertaires qui se battent du côté des anarchistes dans le front de Teruel pendant la Guerre Civil en 1937, Victoria joue le rôle d’une femme campagnarde "illuminée", une mystique au bon milieu de la brutalité de la guerre qui va aussi joindre les colonnes anarchistes pour se battre contre le fascisme.

La complicité artistique entre Victoria et Vicente Aranda va être encore une fois au rendez-vous, Victoria "compose" son rôle avec une efficacité extraordinaire, en regardant sa performance, on se demande quel étrange lutin pourrait lui souffler à l’oreille un si étrange personnage, si loin de son vécu, mystère des mystères.


Ou peut être pas car il est vrai aussi que la personnalité de Victoria, à mi-chemin de ses 40 ans, est en train de se transformer, son regard jadis cristallin devient trouble, comme une sorte de rébellion après l’heure, elle éprouve le besoin de contester, de choquer, de ne pas nuancer ses points de vue, de prendre des risques, bref de se lâcher au plaisir de sa complexité.

Cette Ă©volution va ĂŞtre la responsable des choix artistiques que Victoria pendra Ă  partir de 1996.


1/5 - 2/5 - 3/5 - 4/5 - 5/5