Un parcours unique... (1/5 - 2/5 - 3/5 - 4/5 - 5/5)

C’est précisément cette fraîcheur, cette innocence cristalline, qui va interpeller Vicente Aranda pour faire d’elle l’héroïne de ces histoires sombres, dans une sorte de jeu d’équilibriste entre la légèreté innocente un peu moqueuse de Victoria et l’univers caustique, cynique, voire ironique de Vicente Aranda. Mais aussi de ces cinéastes qui vont travailler à cette époque avec Victoria, comme Jose Antonio Salgot, ou Jean-Jacques Beneix et, plus tard la rencontre avec Mario Camus, Jaime Chavarri, Manuel Gutierre Aragon, Jaime de Arminan, Jose Luis Borau, Gonzalo Suarez, Naguisha Oshima, Agustin Diaz-Yanes, Pedro Almodovar, etc.


Ils vont tous accompagner Victoria vers sa maturité, ils vont contribuer à enrichir avec leurs références existentielles et culturelles l’univers intime de Victoria, elle deviendra cinéphile, elle veut tout voir, tout connaître sur le cinema.
Elle eprouve le besoin de se mesurer aux autres, toujours, et pour ça il faut qu’elle sache de quoi on parle. Il etait touchant pour ces cineastes et l’ensemble de l’equipe de tournage, de voir cette jeune fille sur le plato, se donner des airs de madame -qui-se-tout. Elle aura gardé cette envie de "vendre" ses idées à ses réalisateurs, idées pour la plus part judicieuses et qui auront payé sur l’ecran.


C’est la championne du contre-emploi. Il ne faut pas se tromper, derriere cette legerete, cette inocence, Victoria n’est pas un cœur simple, elle a de la profondeur, elle connaît la souffrance, mais elle n’aime pas la complaisance. C’est pour cette raison qu’elle choisit ses rôles en fonction du poids de leur caractère, c’est le "plus difficile encore", sans filet mais surtout sans pathos.
Elle va aborder le drame de ces rôles de manière comique, ça va être le leit motif et la clé de ses personnages qui vont faire histoire, comme la "Chelo" de EL LUTE, la "Luisa" de AMANTES, la "Bella" de LA LUNE DANS LE CANIVEAU, la "Marina" d’ATTACHE-MOI, la "Rebecca" de TALONS AIGUILLES, la "Gloria" de NADIE HABLARA DE NOSOTROS…, ou plus récemment la "Pura" de CARNE DE NEON, et bien d’autres.


En 1981, pendant le tournage en Portugal de LA GUERRILLERA de Pierre Kast, elle tombe amoureuse du Chef Opérateur, Gérard de Battista et ils commencent leur histoire d’amour qui va durer 15 ans. Pour Victoria c’est l’amour en majuscules, elle a vingt et un ans et lui la trentaine passée. C’est un homme cultivé, mélomane, avec un grand sens de l’humour et grand cinéphile.

Un an plus tard, la question ne se pose plus, elle est décidée, elle va quitter son cocon espagnol, et part un matin d’été dans le train vers Paris, où elle va commencer une nouvelle vie.


À Paris, elle ne jouit pas de la popularité de l’Espagne, donc elle va faire son petit chemin de comédienne comme une grande : auditions, rencontres avec les réalisateurs, agenda a la main...

Son français est loin d’être parfait, mais peut importe, il faut avancer, toujours le mouvement, toujours les défis. Et ses premiers petits rôles ne se font pas attendre, travaille avec Pierre Zucca, Frank Apprederis et Jean-Jacques Beneix lui propose le rôle de Bella dans La Lune dans le Caniveau à coté de Gérard Depardieu et Natasha Kinski.
La petite Espagnole va monter une fois de plus les marches de Cannes.


Entre 1982 et 1990, elle partage sa vie professionnelle entre la France et L’Espagne. Ce seront des années fastes au niveau du travail. La carrière de Victoria commencée en 1974 prend des allures de consécration. En Espagne, elle est considérée comme la meilleure actrice de la décennie, tous les réalisateurs veulent travailler avec elle.Victoria est complètement dévouée à son travail, enchaîne les tournages et les récompenses, la plus part deviendront de films cultes.


En 1989 elle tourne "AMANTES", dirigée par Vicente Aranda, rôle qu’elle réalise à contre-emploi, d’une maturité extraordinaire qui met en scène l’aspect humain et sublime de la nature humaine, "LUISA" veut que son jeune amant tue celle qu’il a aimé comme preuve d’amour.

L’anecdote de ce film est que Vicente voulait qui Victoria joue le rôle de la jeune fiancée de Jorge Sanz, mais Victoria, avec son intuition coutumière lui a « vendu » l’idée de jouer "LUISA", qui était plus âgée. Son travail sera récompensé a Berlin avec l’Ours d’Argent.

Victoria va enfin tourner avec Pedro Almodovar, dans un rôle écrit pour elle dans le film "ATTACHE-MOI", le premier de trois films qu’elle tournera avec Pedro.


Le tournage va se dérouler comme sur de roulettes, Victoria adore son personnage, il a tout ce qu’il faut pour elle, en plus tourner à coté d’Antonio Banderas qui a déjà été son partenaire dans plusieurs films, offre une complicité très positive aux yeux de Pedro. Le film jouira d’une promotion à niveau international, ce qui placera Victoria pour la première fois sur la scène internationale.


Les années 90 commencent pour Victoria avec un événement très attendu, la maternité, elle donne naissance à un petit garçon, Martin.

La naissance de Martin, met Victoria devant un fait accompli, elle réside en France, sa maison est là, donc il va falloir passer plus de temps en France pour s’occuper de son fils et de son couple. Elle va donc, donner priorité aux projets français, néanmoins, elle amènera son fils avec elle lors de tournages en Espagne, ou ailleurs.


En 1991, elle commence son deuxième tournage avec Pedro Almodovar, "TALONS AIGUILLES", ce film va confirmer Victoria comme une star internationale.

Pour ce rôle, Victoria se prépare intensément, elle est éprise d’un sentiment qu’elle puise au fond de ses tripes, de ses démons, c’est la première fois qu’elle fait recours à son être le plus secret, mais sans jamais tomber dans le pathos.

Le résultat et saisissant, on est emporté par l’extrême humanité de "REBECA", la beauté de sa douleur si pudique, oui, il y aurait un parallèle, celui d’Ingrid Bergman et Liv Ullman dans "SONATE D’AUTOMNE".

Évidemment à la fin du tournage Victoria est épuisée, elle a beaucoup maigri.
Le brave petit soldat qu’elle est a ses limites. Pedro est comblé de satisfaction, il a réussi a avoir Victoria à 200 pour cent.



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